Calivrier 2019 : jour 2

Broussaille, l'intégrale (2 tomes)

par Frank Pé et Bom

Dupuis

Des rêves de baleine, un chat perdu, des têtes pensantes des Lumières... J'ai l'impression d'avoir connu toute ma vie les aventures tranquilles de Broussaille, jeune type roux, gentil et équipé d'un chat grognon. Dans Les Baleines publiques, Broussaille découvre chez un bouquiniste un vieux livre contenant une gravure identique à un cauchemar qui l'obsède. Ses déambulations (on ne peut pas vraiment parler d'enquête) l'emmènent jusqu'au Museum d'histoire naturelle de Bruxelles. Dans Les Sculpteurs de lumière, on retrouve Broussaille en vacances à la campagne, chez un oncle énervé par l'implantation proche d'une usine écologique. Dans La nuit du chat, Broussaille erre dans Bruxelles à la recherche de son chat perdu, craint le pire et fait des rencontres. Il y a d'autres récits (plus courts) dans les deux tomes de l'intégrale, mais j'ai toujours préféré ces trois-là, que je trouve parfaits, à la fois remplis de quotidien et de poésie. Ils se déroulent tous les trois sur une courte période (de quelques heures à quelques jours) et mettent tous Broussaille dans un monde à la fois réel et fantastique.

Frank Pé, le dessinateur de Broussaille, est notamment connu pour sa façon sublime de dessiner nature et animaux (dans Sous Deux soleils dans l'intégrale, ou dans Zoo et un récent album de Spirou, La Lumière de Bornéo). On trouve déjà ces thèmes dans ces premiers albums, mais avec un trait moins remarquable (notamment pour les personnages), qui devait se fondre à merveille dans le Journal de Spirou des années 80. Mais ce que Frank Pé dessine pour moi le mieux dans Broussaille, qu'il dessine déjà parfaitement dès le premier album, ce sont les moments d'émerveillement et de stupéfaction, à la fois pour le lecteur et pour les personnages. C'est ce qui fait que depuis tout gamin j'ai gardé des souvenirs de Broussaille, et que j'ai toujours pris plaisir à le relire.

Si j'y repense cette année, alors que la parution des deux tomes de l'intégrale date déjà d'il y a quelques années, c'est grâce au Dernier Pharaon, album de Blake & Mortimer (paru il y a quelques mois) par François Schuiten, Jaco Van Dormael, Thomas Gunzig et Laurent Durieux. Les deux séries n'ont rien à voir, mais j'ai retrouvé dans Le Dernier Pharaon (le premier Blake & Mortimer qui me rappelle ceux d'Edgar P. Jacobs, je le recommande aussi) des détails qui m'ont fait penser aux Baleines publiques, que je me suis empressé de relire alors.