Calivrier 2019 : jour 10

Homicide

par Philippe Squarzoni, d'après David Simon

Delcourt — Encrages

Il y a quelque chose de curieux dans le fait d’adapter Homicide en BD, en France, aujourd’hui. Homicide, c’est le livre-reportage de David Simon sur son année passée avec les détectives de la brigade des homicides de Baltimore. Le livre, hautement recommandable pour le soin et la minutie appliqués aux descriptions des policiers comme des citoyens qu’ils rencontrent, a ouvert à Simon les voies de la télé, d’abord avec une adaptation directe puis avec The Wire, qui reprend certains personnages et anecdotes et donne des rôles à certains des policiers mentionnés. Mais Homicide (traduit en français sous le titre Baltimore, comme si la ville n’existait que pour ses meurtres) a presque trente ans. Ce qu’il décrit, la façon de travailler, tout pourrait sortir d’un livre d’Histoire. Ce n’est plus notre monde.

Nonobstant, Homicide la BD, adaptée par Philippe Squarzoni, est une excellente porte d’entrée dans le travail de David Simon. Squarzoni applique le même soin, la même minutie, dans sa mise en page, et permet de visualiser un peu mieux ce monde presque perdu. La bd rend aussi le récit moins sale, laisse moins à l'imagination. Surtout, même si tout est toujours contextualisé, la bd se perd moins en descriptions et tout semble plus fluide. Il ne faut cependant pas être pressé : le premier tome date de 2016, on en est au quatrième et l’adaptation vient à peine de dépasser la moitié du livre.

Si le point de vue d’Homicide vous plaît, n’hésitez pas ensuite à plonger dans The Wire (ce n’est pas un hasard si tout le monde en dit du bien !) mais aussi les séries moins connues de David Simon, comme The Deuce ou surtout Treme, sa plus belle série à mon avis. On y suit le quotidien d’habitants de la Nouvelle-Orléans après Katrina. Certains se connaissent, se croisent, d’autres non. Ce n’est pas la série la plus facile de David Simon, il n’y a pas l’excuse d’une enquête, ni le cadre familier d’une équipe de policiers : Treme raconte simplement des gens qui vivent leur vie.