La vie de Don Pablos de Ségovie a déjà été amplement chroniquée dans le roman El Buscón, la Vie de l'Aventurier Don Pablos de Ségovie de Francisco de Quevedo, paru en 1626 (et que je n’ai pas lu). Les Indes Fourbes, tel que l’indique son sous-titre Une seconde partie de l'Histoire de la vie de l'aventurier nommé don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et miroir des filous ; inspiré de la première, telle qu'en son temps la narra don Francisco Gómez de Quevedo y Villegas, chevalier de l'ordre de Saint Jacques et seigneur de Juan Abad (honnêtement j’ai su que je lirai la BD en découvrant le sous-titre, car qui fait des sous-titres aussi longs pour autre chose qu’une thèse ne peut qu’avoir d’excellentes intentions), en est la suite imaginée en 2019 par Alain Ayroles (scénariste de De cape et de crocs) et Juanjo Guarnido (dessinateur de Blacksad, ok ça aussi ça m’a convaincu car son trait est magnifique).
On retrouve Pablos en route vers ce qui est à l’époque le Nouveau Monde. En bonne crapule prête à tout, Pablos va vivre de nombreuses aventures, plutôt malheureuses car le pauvre semble avoir bien du mal à garder ses sous. Tantôt mendiant, tantôt bourgeois, sur la route ou aux meilleures tables, Pablos profite comme il peut du Pérou. Et le voilà qui, à ce qu’il raconte car c’est lui qui narre toute sa vie, bientôt se met en quête du mythique Eldorado… Pablos n’est pas, vous le verrez par vous-même, un narrateur particulièrement fiable. On pourrait même parler de narrateur fourbe. Mais c’est ce qui rend si délicieux, malgré les atrocités qu’on y trouve, le récit qu’il tricote et détricote.