Calivrier 2019 : jour 6

Les petits de Décembre

par Kaouther Adimi

Seuil

Des enfants jouent au foot sur un terrain vague, dans un quartier d’une banlieue d’Alger. Un jour, deux généraux arrivent. Ils ont décidé de s’approprier le terrain, d’y faire construire leurs futures maisons. Ils pensent en avoir le droit, ils ne se posent d’ailleurs même pas la question, bien sûr qu’ils ont le droit : ils sont généraux. Ils imaginent déjà leur retraite. Ils ont oublié de tenir compte des enfants qui jouent au foot, qui ne sont pas d’accord, pas du tout d’accord même, pour laisser leur terrain vague à des gens qui se croient tout permis.

Pour un peu, Les petits de Décembre (le nom fait référence à la Cité du 11 Décembre 1960, elle-même nommée ainsi en référence à la date de début d’une série de grandes manifestations pour l’indépendance de l’Algérie) rappellerait Maman, j’ai raté l’avion. On y retrouve le même aspect jouissif, la même franchise des enfants, les mêmes adultes complètement dépassés (ici, les parents incarnent la résignation, la veulerie, le compromis qui n’est qu’une façon de tout céder et de s’écraser)… mais ce serait un Maman, j’ai raté l’avion inversé, où ce sont ceux qui n’ont rien ou presque qui tentent de défendre leur terrain face à ceux qui ont déjà tout. C’est un roman sur l’Algérie, mais c’est aussi un roman de lutte qui met en joie.

De Kaouther Adimi, je recommande aussi Des pierres dans ma poche et Nos richesses, au cas où vous manqueriez d’idées. Toujours sur l’Algérie, moins le poing levé peut-être, mais tout aussi sincères.